La famille

Le temps des vacances va être l’occasion de passer du temps en famille et pour beaucoup d’entre nous de retrouver des parents, grands-parents, des cousins…
Il nous arrive souvent d’entendre dire ou de dire que la famille est en danger. Certes bien des familles vont mal. La liste de ses maladies peut être longue. Nous pouvons nous y appesantir pendant des heures. C’est souvent ce qui se passe lorsque nous parlons des familles d’aujourd’hui. Nous dénonçons des menaces, nous crions au naufrage, nous sombrons dans le désespoir. L’avenir de la famille, disons-nous, est sombre, très sombre, en perdition.
Ce faisant nous commettons une grave injustice envers les familles qui vont bien et qui sont plus nombreuses que celles qui vont mal. Regardons autour de nous. Ces familles sans doute ne sont pas aidées comme il le faudrait par les pouvoirs publics, par les médias, par les films, par les magazines. La doctrine catholique sur la famille est présentée comme impossible et d’un autre temps. Elle est souvent critiquée, ridiculisée, brocardée. En même temps elle est vécue par bien des familles, avec difficulté c’est vrai, mais avec courage et souvent avec bonheur.Et puis revenir sans cesse uniquement sur la déroute des familles n’est pas un bon moyen pour promouvoir leur bonne santé. Notre devoir n’est pas seulement ni même d’abord de défendre la famille, de l’entourer de tranchées et de remparts, de l’enfermer dans une forteresse. Cela est d’ailleurs impossible dans notre société ouverte à tous les vents et perméable à toutes les influences, bonnes et mauvaises.
Surtout, la véritable attitude catholique consiste à penser et à œuvrer en vue de soutenir et de diffuser la conception chrétienne de la famille. Profitons de cet été pour approfondir nos relations familiales. Saisissons ce temps pour le vivre comme le lieu premier de l’épanouissement et du bonheur des enfants, des parents et des personnes âgées. Reprenons davantage conscience que la famille est le fondement solide et indispensable d’une société digne de l’homme et conforme au projet de Dieu.
Bon été à chacun d’entre vous.
Abbé Jérôme de La Bâtie
Juillet 2025
Le Pape Léon
Le nouveau souverain pontife, en choisissant le nom de Léon, veut clairement se situer dans la lignée du Pape Léon XIII (pape de 1878 à 1903). Le 15 mai 1891, deux semaines après la répression sanglante des ouvriers de Fourmies (au Nord de la France), le Pape Léon XIII publiait sa Lettre Enclyclique “Rerum Novarum” sur la condition des ouvriers.
Ce n’était pas la première fois que les responsables de l’Église parlaient de la question sociale. Cette Encyclique pourtant marquait une nouvelle étape dans la manière dont l’Église catholique prenait en considération la réalité de la vie des ouvriers. Les conditions nouvelles (“Rerum Novarum”) créées par le développement de la société industrielle étaient abordées avec réalisme et ampleur. Le Pape Léon XIII dénonçait avec courage la situation inhumaine d’une multitude de travailleurs, rejetait la solution dangereuse du socialisme marxiste, proposait la manière chrétienne de regarder la réalité et d’agir pour la changer. Cette Encyclique suscita des réactions diverses, d’approbation ou d’opposition. Elle était le début de ce qu’on appelle la “doctrine sociale” de l’Église.
Il faut bien le constater aujourd’hui : Ou bien les documents traitant de la doctrine sociale sont ignorés, les médias les répercutant peu dans l’opinion publique et les catholiques manifestant peu d’intérêt à leur endroit.
Ou bien ils soulèvent reproches et critiques, toujours les mêmes : l’Église se mêle de ce qui ne la regarde pas ; les responsables de l’Église sont incompétents dans ces domaines ; les Papes et les Évêques font de la politique.
Pendant plusieurs décennies, la doctrine sociale de l’Église a été quelque peu négligée, quand ce n’est pas critiquée, sous prétexte que l’Église n’a pas à privilégier telle ou telle forme de société. C’est vrai. Encore que certains types de société, comme par exemple toutes les formes de totalitarisme, ne peuvent être conciliés avec l’idée chrétienne de l’homme et surtout avec la foi en Dieu qui seul peut être considéré comme Absolu. Dans les autres cas, la doctrine sociale de l’Église n’appuie pas tel ou tel régime politique et social. Elle annonce les exigences auxquelles nulle vie sociale ne peut déroger sans porter préjudice à l’homme.
Ainsi donc en choisissant ce nom de Léon le pape veut très certainement raviver notre intérêt pour la doctrine sociale de l’Eglise dans le monde d’aujourd’hui.
Abbé Jérôme de La Bâtie
Juin 2025
Quel est le rôle du Pape ?
L’importance du pape vient de ce que son rôle est un ministère, c’est-à-dire un service pour l’Église.
« Ministère de Pierre », dit-on volontiers aujourd’hui. Ce ministère est celui d’un évêque. Le pape est évêque du diocèse de Rome. Il est donc chargé d’une Eglise particulière. C’est pourquoi il n’y a pas d’ordination papale. Nous savons combien le Pape François Ier a tenu à ce ministère, et combien il a été attaché à l’exercer, dans la mesure de ses possibilités, en visitant régulièrement les paroisses de Rome. Il est en même temps un évêque investi d’un ministère unique, confié non par les hommes, mais l’Esprit Saint, et qui a trait à l’Eglise Universelle.
Ministère de la communion
L’Eglise du Christ existe concrètement dans les Eglises particulières rassemblées autour d’un évêque. Mais elle est et doit être en même temps unique et une. Cette unité est communion dans la profession de la même foi, dans la poursuite de la même charité évangélique, dans la célébration des mêmes sacrements, dans l’accomplissement de la même mission. Elle vient du Père par le Christ dans l’Esprit Saint. Elle est manifestée et servie par les évêques, dans leur union mutuelle et dans leur propre communion à l’évêque de Rome, qui est le signe et le serviteur de l’Eglise catholique répandue dans tout l’univers.
Ministère de la foi
Ce service papal de la communion est particulièrement visible lors des conciles et des synodes des évêques qu’il préside, lors des visites que lui rendent les évêques et qu’il rend lui-même aux Eglises particulières du monde entier.
Ce ministère de la foi amène parfois le pape à rappeler les vérités essentielles mises en danger, à mettre en garde contre certaines déviations, voire à condamner certaines opinions.
Ministère de la mission universelle
Très tôt dans l’histoire de 1’Eglise, l’élan missionnaire est parti des papes. N’est-ce pas l’apôtre Pierre qui a ouvert le premier la porte de l’Eglise aux païens (Ac 10-11) ? Pensons aux grands moments missionnaires de l’histoire de l’Eglise. Le pape a voulu établir un épiscopat autochtone dans les territoires de mission, nous pensons particulièrement à Monseigneur Osouf premier évêque de Tokyo.
Un ministère pour l’homme
Le ministère papal est au service de tous les hommes et de tout l’homme. Pour en rester au Pape François Ier pensons à ses interventions nombreuses dans tous les domaines par exemple : la paix, le travail, la condition des travailleurs, les relations sociales et internationales, le développement des personnes et des peuples, la situation des immigrés et des réfugiés
Les formes du ministère papal évoluent. Il a été recouvert à certains moments par des éléments qu’il nous est plus facile aujourd’hui de considérer comme peu conformes à ce qu’il aurait dû être. Mais sans lui l’Eglise catholique ne serait plus l’Eglise que nous aimons. Sans lui surtout, elle serait privée d’un ministère qui lui est essentiel, celui de l’affermissement dans la foi et la mission, et par là dans l’unité.
Abbé Jérôme de La Bâtie
Mai 2025
Le carême temps de partage
Nous sommes des gérants. Nos biens, matériels, culturels, spirituels, notre vie elle-même, sont des biens confiés à notre responsabilité et dont nous aurons à répondre. Notre vie présente consiste à bien gérer ces biens en vue du seul avenir qui compte, la vie éternelle auprès de Dieu ; Nous devons user des biens qui nous sont confiés, en particulier de l’argent, en vue de préparer cet avenir éternel.
Jésus nous recommande d’être habiles pour préparer cet avenir éternel avec Dieu. En quoi consiste cette habileté ? Elle consiste à faire un bon usage de nos biens, spécialement de l’argent.
La grande affaire, c’est l’avenir éternel. Par rapport à cette grande affaire, toutes les autres, en particulier la gestion de l’argent, sont de petites affaires. Si nous gérons mal cette petite affaire qu’est l’argent, nous perdrons la grande affaire, l’affaire de notre vie.
C’est d’autant plus vrai que non seulement l’argent est une petite affaire, mais qu’il est trompeur. Il nous trompe nous-mêmes en nous faisant croire qu’il peut nous apporter tout le reste et qu’il peut en particulier nous assurer l’avenir. Or il y a là un mensonge et une illusion, car l’argent peut nous laisser totalement démunis devant quelqu’un plus habile et plus puissant que nous. Surtout il ne peut pas nous protéger de la mort. En outre, il nous pousse à tromper les autres. Cette habileté consiste à user de nos biens, spécialement de l’argent, non en en faisant des idoles, car nous ne pouvons pas rendre un culte à la fois à Dieu et à l’argent, mais en les partageant par l’aumône, par le souci de ceux qui manquent de tout, par l’attention portée à ceux qui comptent sur nous et mettent leur confiance en nous.
Jésus nous dit : être des fils de lumière ne consiste pas à être naïfs et sots, à mépriser l’habileté, à devenir le jouet de tout le monde. Être des fils de lumière, c’est être habiles comme des serpents et simples comme des colombes, dit Jésus en un autre endroit.
Mais c’est être habiles d’une habileté nouvelle, mise au service de ce qui mérite toute notre ingéniosité, à savoir la vraie vie, la vie éternelle. Cette habileté consiste à user de nos biens pour adorer et servir le seul Dieu qui en vaille la peine, pour tisser des liens de charité avec les autres, pour vivre dès maintenant la communion éternelle avec Dieu et avec les autres.
Abbé Jérôme de La Bâtie
Avril 2025
« Laissez-vous réconcilier avec Dieu«
« Au nom du Christ, nous vous le demandons, laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2 Co 5)20). Dès le mercredi des Cendres, par l’intermédiaire de l’apôtre Saint-Paul, la liturgie place le Carême sous le signe de la réconciliation avec Dieu que le Christ a accomplie et qu’il nous offre continuellement. Le carême est le temps privilégié pour nous laisser réconcilier avec Dieu. Cette réconciliation, nous l’accueillons par une prière plus régulière, par un meilleur partage spirituel et matériel, par le jeûne de nourriture ou d’autres choses, et spécialement par le sacrement de la réconciliation.
Ce sacrement souffre aujourd’hui d’une évidente désaffection. Il y a plusieurs raisons à cette désaffection. On voit en général la première de ces raisons dans la perte du sens du péché. C’est vrai. Mais cette perte du sens du péché vient elle-même de l’oubli de ce qui constitue le coeur de la foi chrétienne : le Christ est venu, non pour ceux qui se croient justes, mais pour ceux qui se savent pécheurs.
Evacuer la dimension de pardon et de miséricorde de l’amour de Dieu, c’est passer à côté du véritable amour de Dieu. C’est perdre de vue l’amour bouleversant qui va jusqu’à livrer à la mort son Fils, son Unique, son BienAimé, pour libérer l’homme du plus grand malheur qui pèse sur lui, le péché. La place centrale de la foi au Christ Sauveur, qui révèle la miséricorde du Père, révèle du même coup que l’homme est pécheur, et que le péché est un grand malheur pour l’homme et l’humanité.
Que le mal existe dans le monde, personne ne peut le nier. Il suffit d’entendre les informations de chaque jour pour être convaincu de l’évidence du mal, et du mal le plus horrible. Mais jamais ce mal n’est présenté comme péché, comme mal moral, comme mal qui jaillit du coeur mauvais de l’homme, qui souille le coeur de l’homme, qui défigure le visage de l’homme tel que Dieu le veut, et donc comme atteinte et offense à Dieu, Créateur et Père des hommes. Le mal est présenté comme danger pour l’ordre public et donc comme devant être réprimé, jamais comme violence faite à l’homme image de Dieu et donc à Dieu. Dans de telles conditions, il est tout à fait compréhensible que n’apparaisse plus la nécessité urgente, du sacrement de la réconciliation-pénitence. L’appel de Saint Paul n’a plus de sens en un tel contexte. Le Carême est de ce fait un temps favorable pour une redécouverte de notre péché à partir de l’oeuvre réconciliatrice accomplie par le Christ.
Abbé Jérôme de La Bâtie
Mars 2025
La Chandeleur
Cette année nous célébrons la chandeleur avec la communauté japonaise. Pour la piété populaire, la fête de la Présentation de Jésus au temple est appelée la Chandeleur. La Chandeleur est la fête des chandelles, des cierges, la fête de la lumière. C’est pourquoi en ce jour a eu lieu la bénédiction des cierges que nous portons allumés dans notre main. Si la fête de la Présentation de Jésus au temple est appelée la Chandeleur, c’est parce que le vieillard Syméon, en prenant l’enfant Jésus dans ses bras, dit de lui qu’il est la « lumière pour éclairer les nations » et la « gloire d’Israël son peuple ». La Chandeleur est la fête de Jésus Christ, lumière des nations, lumière du monde (Lc 2, 22-32).
Le vieillard Syméon attendait la lumière promise par Dieu. Et voici qu’il annonce qu’il a rencontré la lumière au point qu’il peut dire à Dieu qu’il peut maintenant s’en
aller. Sa vie a trouvé le but qu’elle cherchait. Cette lumière qu’ont vue les bergers à la naissance de Jésus, cette lumière qui a guidé les Mages vers Jésus, Syméon la reconnaît en Jésus lui-même. Jésus est la lumière des nations, la gloire, c’est-à-dire la clarté rayonnante de Dieu brillant sur son peuple Israël. La lumière du Christ ne rend pas la vie facile, mais elle montre qu’elle a un sens, qu’il vaut la peine de combattre le mal en nous et dans le monde. Et cette lumière, elle est pour tous, car Jésus est venu pour tous. Nous avons donc à la partager avec les autres, sans craindre qu’ainsi elle
diminue.
Car quand nous partageons la lumière elle devient plus lumineuse, elle éclaire davantage, elle devient comme un bouquet de lumières. La lumière du Christ en nous éclairant désire éclairer les autres et devenir entre leurs mains aussi une lumière pour les autres. Ouvrons nos coeurs et nos vies à la lumière du Christ. Recevoir la lumière du Christ, c’est recevoir sa Parole et son enseignement, c’est recevoir les sacrements, c’est prier, c’est accueillir le témoignage de Dieu que les autres nous donnent, c’est nous entr’aider à être chrétiens. Nous comprenons l’importance du catéchisme et de la connaissance de notre foi, du sacrement du pardon et de la Messe, de la prière personnelle et commune, des rencontres entre nous.
En cette fête de la Chandeleur, une bonne nouvelle nous est annoncée : Jésus Christ est notre lumière et la lumière des nations. Il veut éclairer tous les hommes. Nous devons être nous- mêmes les apôtres, les messagers, les témoins de cette lumière. En utilisant et soutenant tous les moyens qui peuvent porter l’Evangile au coeur des familles et des personnes. Entre autres les organes de la presse chrétienne.
Abbé Jérôme de La Bâtie
Février 2025
Un rêve pour l’année nouvelle
En ce début d’année, j’ai fait un rêve…
Toutes les familles vivaient unies, non sans effort, mais avec joie. Les enfants avaient une famille où l’on s’aime. Les jeunes envisageaient l’avenir avec espérance. Les responsables en tous domaines assumaient leurs responsabilités en ayant en vue le seul bien de tous. Il n’y avait plus de chômeurs. Les défavorisés avaient des conditions de vie moins dures. Ceux qui souffrent, spécialement les malades et les désespérés, avaient à leur côté une présence pour les accompagner.
On ne se tuait plus en Europe, en Afrique, au Moyen Orient, et ailleurs. Les bourreaux décidaient de cesser de torturer et de persécuter. Les puissants de ce monde se mettaient d’accord pour chercher sincèrement la paix. Ils renonçaient à leur soif d’hégémonie politique, économique et idéologique. Ils cessaient de fabriquer des armes de plus en plus chères pour lutter contre la misère et soutenir la recherche médicale et les projets éducatifs. Et, chose étonnante, l’argent n’était plus le maître du monde.
Quant aux chrétiens, ardents comme les autres et avec les autres à construire une société plus humaine, ils étaient heureux de se retrouver pour participer à l’Eucharistie, de prier, de connaître davantage leur foi. Ils avaient la passion d’annoncer l’Evangile, sans orgueil, mais sans peur, avec la conviction que par là ils rendaient le plus grand service qui soit à l’humanité. De nombreux jeunes, en cette année jubilaire, s’interrogeaient sur leur vocation à venir. L’Eglise ne manquait plus de prêtres, de religieux, de religieuses, de missionnaires.
Brusquement, je pris conscience que ce n’était qu’un rêve. Mais il est bien permis de rêver de temps à autre, surtout au début d’une année nouvelle. N’est-ce pas pour réaliser ce rêve et nous appeler à le réaliser avec lui, que le Christ est né lors du premier Noël, faisant de cette date le commencement d’une ère nouvelle ? Si l’on parle de l’année 2025 qui va commencer, n’est-ce pas en référence à la naissance de Jésus? Ce rêve, qui n’était qu’un rêve, nous pouvons tous faire qu’il devienne réalité chaque jour un peu plus. Ce rêve est le contenu des vœux que j’adresse à ceux que j’aime et à ceux que je voudrais aimer davantage, à ceux qui vivent près de moi et à ceux qui vivent loin de moi, à ceux que je connais et à ceux qui me sont inconnus.
Abbé Jérôme de La Bâtie
Janvier 2025
